Partant de l’œuvre de Delacroix, nous examinerons la touche expressive des artistes romantiques. Après eux, les impressionnistes s’attacheront à travailler cette matière en lui imprimant une touche personnelle, qui exprimera leur personnalité artistique, ainsi Manet, Monet, Van Gogh, Cézanne.

Eugène Delacroix, La Mort de Sardanapale (détails) (1827-1828, musée du Louvre).
Cette véritable introspection de la « matière picturale » marque la révolution accomplie depuis la Renaissance où elle n’avait cessé d’être gommée, cachée, méprisée au profit d’une surface aux glacis transparents avoisinant les effets du miroir. Au XIXème siècle, les artistes vont s’attacher au contraire, à travailler cette matière en lui imprimant une touche personnelle, jusqu’à devenir véritablement « signature de l’artiste ».

Vincent van Gogh, Iris, 1889, huile sur toile, 71 cm par 93 cm, Los Angeles, J. Paul Getty Museum.
Si le sexe vous intéresse, ne vous privez pas de cette conférence !
Dans l’art d’Occident, le plaisir revêt de multiples formes, volupté sensuelle ou douloureuse, plaisir parfois pervers ou jouissance tragique, superbement traité par les artistes tout au long des siècles, et selon des modalités qui semblent jusqu’à aujourd’hui, toujours inépuisables…

Gustave Courbet, L’Origine du monde (1866). Musée d’Orsay
Christophe Colomb voit pour la première fois en Amérique des êtres humains s’adonner au tabac. Fascinée par ses pouvoirs, L’Europe en fera rapidement un usage immodéré ; les représentations qu’en ont laissé les artistes sont pléthoriques et permettent de suivre l’histoire des « amours et désamours » que l’on entretient avec le tabac depuis cinq siècles.
Parce qu’il colle et adhère, parce qu’il est à la fois séduction et poison…
Les premières friandises apparaissent dans les natures mortes hollandaises, où le symbolisme du sucre oscille entre évocation christique et plaisir hédoniste.
Au XXème siècle, les sucreries acidulées du Pop-Art stigmatisent la société de consommation, puis révèlent aujourd’hui les dangers de l’obésité ou le drame de l’anorexie.

Willem Claeszoon Heda
Fin de collation, dit aussi Un dessert
Musée du Louvre
A la Renaissance, les peintres commencent à peindre le plaisir d’être au monde, celui d’entendre, de toucher, de goûter, de sentir… Des Flandres à l’Italie, scènes mythologiques, scènes de genre et natures mortes, vont exalter la beauté du monde profane et sa porosité à l’expression d’une pure sensualité. Mais c’est en France au XVIIIème que la peinture dite « sensualiste » trouvera son acmé avec Boucher et Fragonard, et à Venise avec Tiepolo.

Giovanni Battista Tiepolo
Apollon et Daphné, vers 1743-1744
Une promenade iconographique du côté de Bacchus et des bacchanales…
En examinant les différentes formes prises par cette (re)découverte du mythe grec à la Renaissance, nous suivrons les Ménades dans l’ivresse des cortèges bachiques, leurs corps dansant exprimant à l’âge classique une vision très dialectique de l’ivresse…

Le Caravage, Bacchus, 1593-1594, huile sur toile, 95 × 85 cm, Florence, Galerie des Offices.
Le corps, source de créativité artistique, connaît au XXème des mutations radicales dans l’ordre de la représentation, devenant support, instrument ou matériau…
Les sculptures vivantes de Manzoni et les femmes pinceaux de Klein correspondent dans les années 60, aux prémices de l’art corporel. Puis les premiers happenings et les performances vont promouvoir un art de l’évènement et de l’éphémère.
Le nu est un genre étudié et disséqué dans les académies des Beaux-arts, afin de produire des formes idéalisées et sublimées. Au XIXème, L’Olympia de Manet et avant lui Le Bain turc d’Ingres, marquent une rupture : Le genre du nu s’écarte de la recherche idéale, cherchant à « s’incarner » dans des créations où il sera déconstruit, malmené ou alors mal aimé.
Avec Cézanne, Matisse, Picasso, Magritte, Balthus, Masson, Bacon, Lucien Freud…

Paul Cézanne, Baigneuses (1906. Museum of Art de Philadelphie)
Organe majeur de la vie, le cœur est, dès la Renaissance, à la fois héros d’un roman allégorique et objet d’observation anatomique. («Cœur épris d’amour» illustré par Barthelemy d’Eyck et croquis scientifique de Leonard de Vinci). Aujourd’hui encore, les artistes s’intéressent à l’aspect pulsatile, tactile et symbolique du coeur, également à sa forme singulière devenue iconique. (Chaïm Soutine, Martial Raysse, Niki de Saint Phalle, Kendell Geers…). Le projet singulier des archives du cœur de Christian Boltanski conclura ce voyage au cœur de l’humain.