Archives de catégorie : Histoire de l’Art

Les représentations de la Folie

La question des relations entre art et folie occupe l’humanité depuis toujours. Les artistes de l’âge classique s’y sont intéressés cycliquement, de façon inégale selon les pays (par ex. la Renaissance du nord avec Bosch ou Brueghel) et toujours du point de vue de la raison.

Au XIXème siècle avec l’instauration de la la psychiatrie, la relation change et les artistes commencent à exprimer leur malaise intérieure, voir leur propre folie. Dans les asiles psychiatriques, on s’intéresse aux productions des malades.

Jérôme Bosch, détail du Portement de croix

Art Brut & Art Singulier

Aujourd’hui l’Art brut est en vogue, parce que la tendance est à déhiérarchiser le monde de l’art en l’ouvrant à des auteurs autodidactes. Pour autant, il ne faut pas oublier les origines pathologiques de cette catégorie esthétique complexe.

Le terme, inventé en 1945 par Jean Dubuffet, désigne les productions d’artistes réalisant des œuvres en dehors des circuits de création habituelle et vivant généralement en situation de claustration, comme les asiles psychiatriques ou les prisons. Il évolue rapidement, se confondant au fil du temps avec la désignation récente d’Art singulier, ou la catégorie plus ancienne Art naïf ou populaire.

Si tous ces artistes étaient à l’origine indemnes de culture artistique, habités par leur seul désir de créer, cet aspect tend aujourd’hui à s’estomper, ce qui complexifie le regard porté sur les œuvres.

Une œuvre d’Adolf Wölfli dans la collection de Jean Dubuffet

 

Les créateurs schizophrènes

La schizophrénie est un désordre émotif et mental qui provoque souvent une déconnexion du monde réel et se manifeste par des épisodes psychotiques. Même si la connaissance est de plus en plus traitée par les média, le cinéma ou la littérature, elle reste abordée souvent de façon trop réductrice, sous l’angle unique du dédoublement pathologique de la personnalité. Parmi les moyens qui aident les personnes atteintes de ce mal, en parallèle de la médication et de la psychothérapie, l’activité artistique est souvent l’un des facteurs qui soulage la souffrance.

L’art des schizophrènes est riche en symboles et images recouvrant des significations très profondes et formant un langage archaïque aux racines universelles ; les formes produites sont très souvent tout à fait comparables aux oeuvres d’artistes renommés.

Depuis Adolf Wölfli et Aloïse au début du siècle, et de nombreux autres malades découverts par le docteur Hans Prinzhorn dans les années 1920, les artistes-schizophrènes aujourd’hui ne cessent de produire des œuvres fascinantes, qui interrogent le processus créatif et posent des questions à « l’autre art du côté de la raison ».

Jonkers

Jonkers

Lumière : de la bougie à l’ampoule electrique

De la bougie à l’ampoule électrique : un éclairage sur l’art

Entre éblouissement et ténèbre, remémoration et oubli, la lumière artificielle -bougie ou Ampoule – nous propose d’éclairer les sombres épisodes de notre histoire, individuel le ou collective.

 Conférence #1

De la bougie à l’ampoule électrique : Passage des ténèbres à la lumière, De Georges De La Tour à Picasso…

Avant le XXème siècle, les peintres ont souvent utilisé la bougie pour éclairer les scènes nocturnes. Cette lumière artificielle surgissant de la nuit est propice à symboliser le sommeil, le songe, l’apparition, l’extase, la méditation, le reniement, la mélancolie… Elle est aussi un puissant symbole de la brièveté de la vie dans les natures mortes appelées « Vanités », destinées à rappeler la fin de notre destinée terrestre.

Conférence #2

L’ampoule, dans l’art du 20ème siècle : De Guernica de Picasso à La Leçon Des Ténèbres de Boltanski…

La très célèbre toile « Guernica » a été peinte par Picasso en 1937 à la suite du bombardement de la petite ville basque. Au sommet de ce chef d’œuvre, une ampoule électrique gigantesque, à la fois oeil immense et soleil déchiqueté, éclaire de façon dramatique la scène du massacre… Sachant que l’exposition universelle de 1937 avait pour thème l’électricité, cette ampoule délivre un commentaire amer sur l’idée d’un progrès par la technique moderne.

Un demi-siècle plus tard, Christian Boltanski puis aujourd’hui de nombreux autres artistes, utilisent presque systématiquement des ampoules dans leurs installations.

Du premier au dernier souffle

Le souffle est à l’origine de la création de l’univers, il met en mouvement le monde, fonde la vie…Mais « représenter en image » une entité immatérielle est un défi pour les artistes ! Au cours des siècles, ils mettent en place divers symboles pour le signifier (joues gonflées, bouches entrouvertes, mouvement dans les textiles, agitations des cheveux, bulle de savon, faisceaux rayonnants…). C’est d’abord avec les grands artistes italiens comme Botticelli et Mantegna que nous découvrions la genèse du souffle dans l’art ; nous aborderons également les aspects négatifs du souffle, à travers notamment les mise en scène des méfaits du tabac, flamandes ou contemporaines .

Souffrance et Création

Durer, Goya, Degas, Toulouse-lautrec, Matisse, Garouste…

Sur la base de pathologies singulières affectant ou ayant affectées des artistes célèbres (cécité, méningite, déficience osseuse, intestinale, bi-polarité…), l’exposé tente de montrer comment une douleur particulière oriente l’œuvre dans une direction significative. L’artiste semble tirer parti du handicap pour faire émerger des contenus ou inventer des techniques qui seraient restées latentes en dehors de la maladie. Chez certains, la maladie ou l’accident, vécu comme sans issue, est transcendé par la création artistique, qui devient alors véritablement thérapeutique.

ImageDOULEUR

To eat or not to eat

Dans la peinture classique, gros et maigres sont tantôt le symbole du pouvoir et de la richesse, ou au contraire de la pauvreté et de la misère, matérielle ou spirituelle. Ce n’est qu’au début du XIXème siècle qu’apparaissent des gros « pathologiques », généralement exposés dans les foires. Puis au XXème siècle, des artistes s’emparent du thème de l’alimentation dévoyée, avec des représentations évoquant l’anorexie et son corollaire, la boulimie.

Enfin, fantasme de dévoration et cannibalisme, présents dans de nombreuses mythologies et dans notre religion chrétienne, sont également abordés par certains artistes contemporains.

Goya, Saturne dévorant un de ses fils

Du sacré dans l’art ?

Au Moyen-Âge, les artistes cherchaient à donner une forme au monde céleste, à le rendre « visible » pour les croyants, conférant ainsi son  caractère religieux à l’art classique. Progressivement, l’art se laïcise mais l’histoire biblique reste longtemps le sujet favori des artistes et des commanditaires, constituant ainsi la colonne vertébrale de l’art occidental. – Comment le lire aujourd’hui ?

Métamorphoses de Satan

Parmi les diables et les démons, Satan désigne l’Adversaire,  aussi arrogant que méchant.

GOYA, St François Borgia et le MoribondGOYA, St François Borgia et le Moribond

Au cours de notre histoire, le terme désigne  un être de plus en plus foncièrement mauvais et  devient un nom propre, celui de la puissance du Mal, en fait le synonyme du Dragon, du Diable, du Serpent, çomme celui de la Genèse. Depuis le moyen-âge, les très nombreuses représentations témoignent de cette évolution, connaissant leur acmé au XVIè siècle, à l’époque des guerres de religions.